Les petits Romains jouaient aux osselets, le Petit Nicolas aux billes… En dehors des cartes Pokémons, rares sont les jeux de récré qui ont réussi à remplacer durablement les grands classiques. Entre résistances de l’Éducation nationale et engouements passagers, quelle est la potion magique qui permet à un jeu de récré d’envahir les préaux ?

Au printemps 2017, quel parent n’a pas subi les assauts de ses enfants quand les fidget spinners (littéralement « toupies à tripoter ») ont débarqué dans les cours de récré ? Rapidement déclinés en autant de couleurs, de variantes lumineuses et de matières, du plus chic au plus bizarre, ils avaient envahi le moindre petit marché. L’année précédente, le même phénomène avait brièvement poussé la France entière à tricoter des bracelets en plastique lancés par la marque Rainbow Looms.

Automne 2017 : quelques rares exemplaires de hand spinners ou looms se retrouvent aux caisses des soldeurs. Pourquoi ce brusque désamour ?

• l’interdiction du hand spinner dans de nombreuses écoles. Jugé trop dangereux, trop source de conflit, l’objet a été extrêmement rapidement banni. Ce n’est ni son prix, ni les vols qui ont été à la source de ce rejet, mais plutôt la possibilité d’y jouer en classe, seul, pour se distraire. Vanté pour sa capacité à augmenter la concentration des enfants, l’objet est surtout efficace pour… les distraire !
• l’absence d’effet de collection. Les jeux de récré vivent de leur capacité à se faire des ami(e)s dans la cour de récré. L’objectif numéro 1 à l’école, quoi qu’on pense ! Or, le hand spinner se joue seul, se démontre seul. Certes, il peut être échangé, des défis peuvent être lancés, mais on ne peut jouer à plusieurs. C’est celui qui le tient qui est le héros et cela est insuffisant.
• leur visibilité. Un bon jeu de récré doit idéalement pouvoir être caché dans une poche de manteau. Comme les billes, les cartes (Pokémon, Panini, Minions), ils doivent pouvoir être admiré, utilisés et échangé idéalement loin des regards des maîtres. S’ils deviennent trop visibles, si des conflits se font jour, ils seront vite confisqués, puis interdits, et il faudra trouver d’autres échanges.

Jeux de récré et critères de succès

Nous avons retenu 5 critères pour expliquer le succès à long terme des jeux de récré :

• la discrétion : la facilité de les cacher de l’autorité
• le petit prix : la facilité pour les enfants de pousser les parents à un achat
• l’acceptation par les enseignants : plus le jeu est un jeu traditionnel (billes, foot), un jeu auquel les enseignants jouaient eux-mêmes, plus l’administration scolaire hésite à les interdire
• l’effet de mode : chaque année plusieurs jeux de récré sont « de saison » : 5 à 6 jeux populaires sont majoritairement pratiqués pendant plusieurs semaines. Les jeux comme les looms ou les hand spinners arrivent surtout en fin d’année, quand les jeux traditionnels ont fait leur temps.